LES ÉTATS-UNIS SE PRENNENT à RêVER D'UNE NOUVELLE PLACE EN MOTOGP

Pour la première fois depuis 2006, un pilote américain occupe la tête du championnat dans une catégorie des Grands Prix mondiaux. En l'occurrence, il y a 18 ans il s'agissait de Nicky Hayden, alors lancé dans la conquête de son titre de Champion du monde en MotoGP. Comme le destin fait bien les choses, c'est avec un capital de 69 points, rappelant le numéro de course du Kentucky Kid, que Lire aussi :Le 20 août 1978, Kenny Roberts se révèle au monde

Il y en eut trois d'affilé pour King Kenny, puis ceux de Freddie Spencer, d'Eddie Lawson, Wayne Rainey, Kevin Schwantz, et plus tard les sacres de Kenny Roberts Jr et de Nicky Hayden. À chaque fois, l'attention du public américain était boostée par ces hommes partis pour ainsi dire s'exiler en Europe, à l'assaut des pistes historiques du continent qui avait fait naître le championnat au sortir de la guerre

Après une dernière victoire de Ben Spies en 2011, plus aucun Américain n'a remporté de Grand Prix. Avec le départ de Hayden fin 2015, puis sa mort accidentelle un an et demi plus tard, le chapitre semblait s'être refermé. Mais contre toute attente, une nouvelle ère semble poindre aujourd'hui. Certes, les pilotes américains sont encore rarissimes à pouvoir percer, mais plusieurs éléments se sont combinés ces derniers mois pour qu'on se dise que le public pourrait bien se tourner à nouveau vers les Grands Prix avec un regain d'intérêt.

Le retour de la bannière étoilée avec Trackhouse Racing n'était-il qu'une étape ?

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

D'abord, il y a eu l'arrivée de Trackhouse Racing, l'équipe choisie pour remplacer RNF, que la Dorna a exclue à l'issue du championnat 2023. La formation américaine, spécialiste de la NASCAR, s'intéressait à la plateforme que représente le MotoGP et s'y est vue propulsée un peu plus tôt que prévu, mais avec un programme suffisamment solide pour espérer de beaux jours grâce notamment à son partenariat avec Aprilia.

Puis, il y a eu le rachat de 86% de la Dorna par Liberty Media, une opération d'envergure que les parties concernées espèrent finaliser à la fin de l'année et qui verra le géant américain prendre les rênes du MotoGP comme il l'a fait de la Formule 1. La volonté d'étendre la visibilité de la discipline vers le territoire américain est manifeste et personne ne sera étonné de voir potentiellement apparaître un second Grand Prix US au calendrier ou des programmes marketing directement orientés vers ce public à (re)conquérir.

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Dans ce contexte d'ensemble, et alors que le plateau se constitue peu à peu avec de nombreux contrats à rediscuter pour l'année prochaine, l'émergence de Joe Roberts dans la catégorie Moto2 ne passe pas inaperçue. Bientôt 27 ans, un physique taillé pour les plus grosses cylindrées, il visite le podium de loin en loin depuis 2020 et a gagné une course il y a deux ans. Sa deuxième place du GP d'Espagne est le troisième résultat identique qu'il enchaîne en autant de courses, et il a donc pris les commandes du championnat.

En quête d'une victoire, après celle rocambolesque obtenue en 2022, il repartira en quête de cet objectif dès cette semaine. "Le Mans, si on remonte à 2020, ça avait été une course assez bizarre, un week-end dingue où j'avais décroché la pole position et fait une course assez incroyable en remontant de derrière", s'est-il souvenu. "Le Mans a toujours été une piste que j'aime vraiment, très fluide et en même temps avec de gros freinages, ce qui correspond bien à nos motos aujourd'hui."

"Il y a plein de circuits cool qui arrivent. Je pense que chaque week-end, on a le rythme et ce qu'il faut pour se battre. On va essayer d'écrire une page d'histoire", a ajouté le pilote, décidemment prêt à rêver en grand.

Joe Roberts

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Ce natif de Malibu court pour le bien nommé American Racing Team, qui figure sur la grille Moto2 depuis plusieurs années et peut se targuer d'avoir dans son management un certain John Hopkins, lui-même engagé auprès de pilotes américains en devenir en tant que coach. Beaucoup imaginent déjà Joe Roberts enfourcher la moto parée de la bannière étoilée alignée par Trackhouse Racing, équipe qui admet suivre son ascension sans toutefois se risquer à la moindre promesse publique pour le moment.

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Quoi qu'il en soit, il faut admettre que l'émergence de Roberts est une aubaine pour les US, qui n'ont eu que de très rares pilotes en Grand Prix depuis plus d'une décennie. Le profil le plus intéressant a été Cameron Beaubier, arrivé avec déjà à son actif un gros palmarès outre-Atlantique mais reparti au bout de trois ans sans avoir trouvé les conditions pour exceller. Et si tout changeait l'an prochain ?

"Il n'y a pas eu de pilote américain véritablement compétitif depuis de nombreuses années", concède Joe Roberts, déjà courtisé par Aprilia il y a quatre ans. "OK, je suis ici et j'ai eu de bonnes années, avec de très bons résultats, mais pour ce qui est de se battre pour le titre, il n'y a eu que Nicky, n'est-ce pas ? Alors, parfois, il est difficile de conserver l'enthousiasme. Je pense que l'Amérique est un géant endormi, qu'il faut réveiller."

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