BASTIANINI, "UN DIESEL" QUI SENT LA PRESSION MONTER

Avec les progrès de Marc Márquez, désormais en capacité de se battre pour la victoire, et la place de leader occupée par Jorge Martín, Enea Bastianini semble actuellement en position indélicate alors que les esprits sont tournés vers l'attribution du second guidon de l'équipe officielle Ducati pour la saison prochaine. Ce poste, il l'occupe depuis l'an dernier, mais sent plus que jamais la pression augmenter alors que les deux pilotes espagnols figurent sur la liste des candidats déclarés et, logiquement, très séduisants pour le constructeur.Lire aussi :Marc Márquez a "plusieurs options" pour 2025

Classé cinquième dimanche lors du GP d'Espagne, à sept secondes du duo qui a électrisé la lutte pour la victoire, Bastianini ne cachait pas sa déception. "Je m'attendais à mieux, je m'attendais à pouvoir dépasser mais ça reste un peu notre limite", regrettait-il. "Mon départ n'a pas été mauvais mais je suis ensuite resté bloqué et j'ai dû tout faire pas à pas. Ce qu'il y a de bien, c'est que la vitesse était là mais le fait de ne pas réussir à dépasser est un problème."

Longuement bloqué derrière Brad Binder, il n'a pu se défaire du Sud-Africain que dans le dernier tour. Avec sa vitesse, il pense qu'il aurait "absolument" pu se battre pour le podium s'il avait pu dépasser la KTM plus tôt. Aux qualités de freineur de Binder se sont ajoutées ses propres faiblesses dans les enchaînements de Jerez, qu'il attribue à la nature même de son pilotage.

"Ça fait depuis l'année dernière déjà que j'ai plus de mal à m'arrêter en étant droit. L'entrée est très bonne, mais le problème c'est vraiment le moment où on appuie sur le frein, où d'autres pilotes arrivent à faire plus, y compris avec la même moto que moi. Cette phase-là me manque, or elle est importante en course."

"Je suis le pilote qui bloque le plus l'avant et je dois résoudre ce problème pour l'avenir", estime l'Italien, bien conscient de ce que cela lui coûté. "J'arrive à être toujours rapide et régulier mais en course je n'arrive pas à faire la différence. C'est ce qui me manque par rapport à 2022."

Enea Bastianini occupe la troisième place du championnat.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Avant ce top 5 dimanche, Bastianini a fait partie des nombreux pilotes tombés pendant le sprint. Mis à part ça, il a systématiquement marqué des points depuis le début de la saison, faisant de lui l'un des plus réguliers. À son actif, notamment, deux podiums, ce qui lui permet de figurer à une belle troisième place au championnat à seulement cinq points de Pecco Bagnaia. Son retard sur Jorge Martín est de 22 points tandis qu'il est talonné par tout un groupe allant de Pedro Acosta à Brad Binder.

"Il a eu des difficultés pour dépasser Binder. Binder est très difficile à dépasser, parce qu'il freine fort. Mais je pense qu'il a fait une très bonne course et un très bon début de saison, alors je m'attends à ce qu'il puisse progresser dans le courant de la saison", a tenu à souligne Gigi Dall'Igna au micro du site officiel du MotoGP. Et d'ajouter : "Comme toujours, c'est un diesel, donc nous le verrons à nouveau dans de nombreuses courses d'ici à la fin de la saison."

Le fait est que Bastianini n'a probablement plus qu'un mois pour convaincre les patrons de Borgo Panigale qu'il mérite de garder sa place, une décision étant attendue pour le GP d'Italie. Questionné pour savoir s'il est pressé d'obtenir des résultats au regard de cette menace, il a expliqué : "Ça pimente un peu, c'est normal, mais je suis serein. Il était important pour moi d'essayer de ne pas trop en faire sur cette première partie [de championnat], d'essayer de reprendre un peu les automatismes. Jusqu'à présent, mon pilotage n'a pas été parfait, je n'ai pas encore réussi à tirer 100% [de la moto], mais j'ai malgré tout réussi à obtenir des résultats. Par contre, à partir de maintenant, il est important d'en obtenir."

Un test encourageant sur les freinages

Le test mené lundi s'est inscrit dans ce contexte. S'il n'avait, selon lui, pas grand-chose à essayer, il a pu expérimenter "trois ou quatre solutions" qui lui ont donné satisfaction.

"Malheureusement, cette journée n'a pas très bien commencé. J'ai tout de suite eu une mauvaise chute au virage 7, mais je vais bien. Simplement, je suis arrivé trop large dans le virage, j'ai voulu entrer quand même mais j'ai fait une erreur", expliquait Bastianini lundi soir. "Au début, ça m'a un peu stressé, puis je me suis calmé et j'ai essayé d'avancer dans mon travail. Au final, je suis très content parce qu'on a progressé et, désormais, mes freinages sont comme ceux des autres, voire meilleurs. Et on a aussi beaucoup progressé en termes de rythme. C'était ce que je voulais."

Souhaitant encore poursuivre son travail sur la GP24, il a admis que certaines phases restaient à affiner : "L'entrée dans les virages est ce qui me gêne encore un peu dans les parties lentes. On pourrait faire plus mais aujourd'hui on a fait un gros pas en avant. Évidemment, on n'a pas trop forcé, d'autant que je suis tombé donc je n'ai pas mis de pneu soft ni essayé de faire des choses bizarres. Mais quoi qu'il arrive, rouler en petits 1'37, ça donne bon espoir."

"Ce sera sûrement important d'essayer de comprendre si ce qu'on a essayé ici fonctionnera un peu partout, mais j'imagine que oui", concluait Enea Bastianini en quittant l'Andalousie. Prochain rendez-vous : Le Mans, où il a gagné il y a deux ans.

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